Page:Joyau - La Philosophie en France pendant la Révolution, 1893.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

véritables prêches laïques où l’on développe de sublimes vérités philosophiques, auxquelles le peuple est incapable de rien comprendre[1], la distribution des palmes aux belles actions, la déclamation de pièces de vers, l’exécution de cantates ; on y ajoute autant que possible des représentations dramatiques. C’étaient quelquefois des pièces de valeur, le Père de famille, de Diderot, le Bourru bienfaisant, de Goldoni, le Préjugé à la mode de la Chaussée ; souvent des drames et des comédies à qui l’actualité ou les passions du moment faisaient un grand succès, souvent aussi des pièces absolument insipides.

Les hommes d’État s’alarment de la rapide désertion des fêtes nationales sur lesquelles ils avaient fondé tant d’espérances ; ils font de vains efforts pour l’arrêter. Le 28 brumaire an VI, un décret rend obligatoire l’observation du Décadi et punit sévèrement la sanctification du dimanche ; il recommande de placer de préférence les foires ce jour-là afin de pren-

  1. Il existe un moyen infaillible de communiquer incessamment à tous les Français à la fois des impressions uniformes et communes, disait Rabaud Saint-Etienne le 21 déc. 1792, ce sont les fêtes publiques. Outre les fêtes à intervalle déterminé, chaque dimanche une leçon de morale sera donnée aux citoyens assemblés. Un Sénat de vieillards, élu dans chaque Canton, distribuera chaque mois les prix et les réprimandes… Le corps législatif enverra aux citoyens tous les ans une ou deux fois des instructions morales propres à corriger les abus, à prévenir les vices ou les altérations qui pourraient être faites dans la morale publique, dans la constitution ou dans les lois. Ces instructions seront lues dans les assemblées des cantons.