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VISIONS DE L’INDE

étincelant de blancheur, chaussure d’un jaune de blé mûr. Son fusil est astiqué, ce fusil que la douane lui rendit si difficilement après notre arrivée à Calcutta ; car les autorités britanniques ne veulent laisser pénétrer dans l’Inde aucune arme et ne supportent aux Hindous que leurs bâtons.

« Les temples m’ennuient, dit mon camarade, en prenant le casque et ses lunettes noires. J’ai vu dans la campagne des hérons, des canards et des sangliers ; nous allons brûler quelques cartouches et te laissera tes idoles. »

J’entends la meute aboyer et bondir ; ils sont partis.

Après les ablutions fraîches, je suis resté sur mon lit, lassé de mes promenades précédentes, dans une torpeur où m’enlise cette chaleur terrible qu’apporte déjà le printemps.

Mes paupières pesantes se ferment. Je somnole. Le rideau de ma chambre qui donne sur la véranda a tremblé. Je m’éveille à demi. Une main soigneuse l’écarté. Une silhouette d’Hindou se glisse. Il me salue presque jusqu’à terre. Après un court arrêt, comme je ne l’ai pas injurié et que je n’ai pas saisi ma canne, il s’approche, coupé en deux par une sorte d’adoration, voulant se faire pardonner son audace. Rozian, mon boy, entre après lui. Il m’explique que c’est un « picturesman », un marchand d’images.