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VISIONS DE L’INDE

globe-trotter s’arrête à la quincaillerie des tombes que lui découvre, avec respect, un vieillard soucieux des gloires défuntes ; il demande le prix de ces choses et je les entends, l’Indien et lui, indifférents à cette architecture féerique, faisant, comme s’ils étaient au bazar, leur compte de roupies.


Oui, des ruines encore, des tombes… Nous traversons les jardins puérils de l’Husainabad. Du deuil plane sur ces choses charmantes, qui lurent vénérables et redoutées et ne sont plus aujourd’hui que des curiosités pour touristes. De gentils jets d’eau parmi des statues mouillent sans la rafraîchir l’atmosphère brûlante : larmes vaines d’une patrie vaincue !…

Nous faisons fuir devant nous les belettes et les chats sauvages…

Ce qui désole le plus, ce qui hante, c’est le maniérisme et l’enfantillage où sont tombées ces splendeurs. Là se découvre le vice secret de l’Inde, la tare qui déshonore ses grandeurs incomparables. Au tombeau du premier roi d’Oudhe, Shah Najab, s’entassent de déplorables verroteries soigneusement drapées d’étoffe pour les défendre contre l’inexorable poussière ; des cénotaphes sous de magnifiques dais, des reliquaires en loques, des guirlandes, les jouets pollués de vieux enfants ; sur les murs, des minia-