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VISIONS DE L’INDE

tures me consolent. Elles décrivent des scènes d’amour royales, le poème de la Grâce et de la Beauté. Et cela, du moins, n’est pas mort dans l’Inde.


Au dehors, je m’arrête à regarder les magnifiques bras d’une femme pétrissant de la terre. Le visage qui se détourna a été déformé par la vieillesse rapide et l’esclavage. Mais que ces bras sont beaux ! Depuis Djibouti, que j’en ai admiré en Asie, de ces bras de servante, de courtisane ou d’épouse, dont la teinte brune s’accorde mieux que notre blancheur à l’harmonie des courbes, bras si doux que le travail rend fermes et fiers ! car c’est une légende erronée, l’Orientale paresseuse. Ils seraient, ces bras, toujours nus, si de longs bracelets en cuivre ou des séries de petits cercles en verres de toutes couleurs, en cristal et en cire, ne les gantaient presque en entier.

Mais cette pauvresse était si pauvre, si pauvre que ses bras étaient dépossédés de tout ornement. Et j’ai quitté la tombe de Shah Najab, ivre de vie, à cause de ces bras de volupté et de force, s’alliant à l’odeur amère des fleurs rougeâtres et noires qui débordaient sur le chemin…