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VISIONS DE L’INDE

longues conversations avec les pundits qu’enivrèrent les Védas, l’amer transport du Nirvana et du désespoir ; et quand j’étais descendu parmi les foules idolâtres, l’odeur du sang, l’émanation des paresses pestilentes, l’hypnose des images obscènes et cruelles me laissaient en même temps plus agité et plus las. Et mon âme qui n’était encore chrétienne que par le souvenir et le regret, mourait de cette inanition spéciale que ressentaient, disent les grimoires, au sabbat, les sorcières qui avaient mâché la cendre des feux diaboliques et les vieux os des morts. Où chercher un havre, où quémander un cordial sinon auprès de ceux qui parlent la même langue que la mienne (parler la même langue, c’est presque avoir le même cœur), ou qui vénèrent le même Dieu, la même Vierge (suivre la même religion, c’est presque avoir la même âme) ? Alors j’allais frapper à la porte de nos moines. Ce sont là-bas des Belges, des Hollandais, des Italiens le plus souvent. En eux s’amassèrent les forces de la foi et du courage que j’ai dissoutes en de vaines errances. Et je me sentais à leur porte plus hagard et plus pauvre que les mendiants à qui ils donnaient une portion de riz…

Les missions de l’Inde sont respectées à la fois par le gouvernement anglais et par les indigènes. Un évêque romain est officiellement aussi honoré