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VISIONS DE L’INDE

aussi tolérant… Et Akbar mourut fidèle à Allah et au Koran glorieux ! Alikousalam à lui et à sa demeure suprême !

La joie goûtée à la tombe de l’aventurier s’amplifie ici en magnifique allégresse. Cette maison de mort est un séjour de fête et d’art. On monte de plates-formes de marbre en plates-formes de marbre, on dirait pour une ascension de paradis. De plus en plus la vue est délicieuse. Les escaliers sont de marbre, les pavillons de marbre ; partout où mon pied, où ma main se pose, c’est du marbre encore. Non pas cette blancheur banale, froide, que les modernes sculptent, mais une matière comme dorée, tant elle a bu de soleil. Nous arrivons enfin au sommet de cette pyramide de terrasses. De cet étage suprême, à travers les brisures du plus exquis treillage de marbre, la campagne se déroule reposante, verte, striée de routes et de fleuves. Au loin, le blanc dôme du Taj apparaît comme une lune qui se lèverait en plein jour du côté de l’est. Je m’appuie au balcon royal ciselé avec une patience d’orfèvre ; et, tout autour, les pavillons des étages inférieurs se lèvent vers moi, vastes ou mignons, faits pour grouper, dans leur merveilleuse corbeille, les musiciens et les femmes… Car ce peuple étrange n’eut jamais peur de la mort. Akbar célébra ses victoires dans les jardins et sur