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VISIONS DE L’INDE

terminées ? Nul ne peut le dire ; et qui sait si Delhi, avant un siècle, ne connaîtra pas une nouvelle invasion du Nord dont le Tamerlan serait un tsar ?…

Delhi est plus multiple que Rome encore : elle est composée de neuf cités distinctes ; et ces ruines, répandues sur un espace de 45 milles, sont un livre d’histoire incomparable, çà et là raturé par un philosophe disert à démontrer la vanité des gloires de ce monde. Au xviie siècle, elle n’était plus qu’un monceau de pierres écroulées où poussaient des broussailles sèches et que parcouraient des paons bleus, lorsque Sha Jahan, l’empereur mongol, dégoûté d’Agra, sa capitale depuis la mort de sa favorite, la dame du Taj, vint dresser la Delhi nouvelle, Shajahanabad, près de la rivière sainte la Jumma ; il y construisit la mosquée, le palais et le fort, |qui comptent parmi les plus beaux de l’univers.

Mais le premier devoir du voyageur qui, lui, habite dans une cité plus nouvelle encore (les cantonnements anglais), assez loin de la ville indigène, c’est de courir aux merveilles de Delhi l’antique et, entre autres, au Kétub Minar, au pilier d’airain et à la vieille mosquée, dont les vestiges sont formidables. La route qui conduit à ces magnificences abolies est bien, comme l’a écrit M. André Chevrillon, « la voie appienne » de l’Asie, tant elle est semée de souvenirs et de tombes.