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VISIONS DE L’INDE

de la tour Eiffel embrasseraient du regard les Paris anciens et modernes anéantis par de successives invasions. Hélas ! nos constructions sont si fragiles que ce rêve lui-même, dans sa maigre part de stabilité, est incertain… En ces temps, le Kétub, peut-être, se dressera encore ; et déjà la tour Eiffel, dressée pour durer peu, aura disparu !


Nous ne nous arrêtons guère à l’ombre des colonnades qui bordent les admirables tombes environnantes ; elles abondent vraiment trop dans l’Inde, ce cimetière de splendeurs ; nous remarquons tout près, le « pilier d’airain « et la mosquée de Kétub, dont le « Minar » fut, en effet, le minaret monstrueux.

D’après l’inscription, qui date bien de cinquante siècles, le pilier d’airain est « le bras de gloire de Rajha Dheva, lequel conquit ses voisins et accapara la souveraineté indivise de toute la terre ! » Il se dresse, inébranlable, malgré sa vétusté. Les guides m’en expliquent la légende.

Une prophétie populaire prétendait que, si le pilier venait à trembler, l’empire entier serait ébranlé. Par bravade, le prince régnant alors à Delhi creusa tout autour. « Le bras de gloire » bougea et saigna. miracle ! une humeur rouge sortit de terre. Des hordes septentrionales, conduites par un