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VISIONS DE L’INDE

toujours ici déifiés. Ces impressions maussades sont augmentées par les inquiétudes de mon foie ; la maladie qui devait me conduire aux portes de la mort me guette déjà, et me harcèle.


Les animaux de proie gâtent de leurs cris la pureté de l’air, quelque chose de rapace est épars dans toute la contrée. J’ai visité les jardins de Lahore que les cadeaux des rajahs ont fait somptueux en jets d’eau, en arbres et en bêtes choisies. Oui, sans doute une funeste obsession me persécute… les paons blancs eux-mêmes, les plus beaux animaux peut-être sur la terre et d’aspect le plus pur, me semblent odieux et méchants. Je les observe étalant leur neige splendide, rêve qui tourne devant mes yeux ébahis ; leur queue est ocellée de blancheur, leur plumage est plus clair que les plus candides nuages du ciel ; mais leur bec crochu menace sans cesse de mordre ; leur âme est laide, aiguisant leur petite tête têtue, vaniteuse, agressive même contre les autres paons paisibles, dont ils sont jaloux.


Plus je m’avance vers l’Afghanistan, plus je trouve autour de moi d’hostilité, ou au moins de méfiance chez les natifs, surtout lorsqu’ils se sont aperçus que je ne suis pas un Anglais, c’est-à-dire qu’étranger (l’étranger, c’est le chrétien et l’ennemi)