Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
VISIONS DE L’INDE

m’exprimer soit en anglais, soit en ces langages indigènes dont je ne connais qu’un vocabulaire restreint.

Tout m’irrite, jusqu’à ces marchands ambulants, parasites de l’hôtel, qui violentent ma porte, m’assaillent avec des tapis, des photographies, des peintures, des nappes étincelantes, toute la camelote des asiatiques bazars. Ils ne me laissent tranquille que si je les menace. De plus en plus, impossible d’être servi. Rozian, mon boy, participe à la paresse universelle que légitime le climat devenu terrible, ici spécialement, dans une ville enveloppée de déserts, et qui, assez froide l’hiver, (certains bengalows[1] possèdent des cheminées), devient torride en été.

Une après-midi pourtant, je crus être soulagé par une pluie bienfaisante. Le ciel d’un bleu gris à l’ordinaire s’était foncé et comme épaissi. Un frémissement étrange, précurseur de grands phénomènes atmosphériques, parcourait les arbres des parcs qui ceignent les demeures européennes. Puis, un grand vent bouscula tout à coup mon « garry ». Le cheval s’effara. Je fus aveuglé ; une effroyable tempête de sable, un cyclone terrestre nous renversait, créant autour de nous une nuit grise. Le cocher avait bondi

  1. Villa anglo-indienne.