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VISIONS DE L’INDE

La première, la mosquée du Wazir Khan, s’étale non seulement grandiose mais charmante. Édifiée sur la tombe d’un vieux saint Ghuznivide, elle s’orne de superbes arabesques perso-indiennes. Les femmes vont et viennent, belles de visages et de lignes, mais soudainement voilées dès qu’elles m’aperçoivent ; les hommes se plongent dans la vasque centrale sous la douche d’un jet d’eau. Tout au fond j’aperçois les « mirabs » mais je n’ai pas le courage d’aller jusqu’à eux ; j’ai tant vu de mosquées depuis que je suis en Orient !… Leur nudité me désole toujours, me refroidit l’âme. Je préfère admirer le saint muphti, si immobile qu’on dirait une blanche statue accroupie sous un portique, les colombes qui colorent l’air de leur vol clair et bleu, les mosaïques délicieuses, les fresques élancées caressant les murs, grimpant le long des minarets, les semant de longs arbres fins enveloppés d’étoiles.

Quand je redescends les hauts escaliers, je suis comme emporté par une caravane de belles musulmanes au sari blanc, au pantalon jaune et presque collant, aux pieds de déesses. Je profite de leur surprise, de la solennité du lieu qui les a fait se découvrir ; leurs yeux, qui alternativement transparaissent ou s’éclipsent, sont des astres-paradis.

Du haut de l’éléphant, je jette un coup d’œil ra-