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VISIONS DE L’INDE

pide sur les dômes étincelants de la mosquée d’or ; puis je m’assieds longuement pour rêver sous un des arbres sacrés, dans la cour immense de la « mosjid » bâtie par Aureng-Zeb. C’est un grand spectacle matinal. Sur les côtés, des portes murées ou s’ouvrant vers la campagne et vers le ciel. Le pépiement d’oiseaux menus fait un fond tendre aux rumeurs éternelles des corbeaux. L’ample citerne au milieu de la cour se creuse, solennelle. Les hommes apparaissent minuscules dans ce temple de la nature. L’un d’eux plie tout petit sous le poids d’une outre telle que ses pères en portaient il y a mille ans.

Mais pourquoi ces lamentables becs de gaz ? Les soi-disant progrès de notre civilisation tachent de banalité ce beau décor grave. Je préférais l’impression de vide, la remembrance du désert.

Je remonte encore sur l’éléphant, et maintenant je parcours de délicieux jardins, frais et verts malgré la chaleur toujours grandissante ; les branches d’arbres élancés caressent mes joues ; de jolies chenilles qui se tordent roulent sur mes vêtements ; les lourds parfums de fleurs brèves effeuillées montent vers moi. J’admire, planant sur cet enchantement parfumé, les tours énormes du fort.