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VISIONS DE L’INDE

branlée, d’une sérénité inviolable. L’Anglais est silencieux et gras, l’Écossais mince, grand et spirituel. Leur sollicitude à mon égard est inépuisable. Me voici dans leur confortable wagon, en route pour Jamrud.

Nous prenons le breakfast : des œufs sur du « beef » qui ressemble, par la minceur et la couleur, à du jambon ; quelques lampées de « wisky and soda », arrosant une « wonderful marmelad » achèvent de nous restaurer. Je suis en Angleterre dans ce wagon qui, sauf moi, ne porte que des Anglais. Les cigares s’allument.

Arrivés à Jamrud, nous trouvons nos tongas. Je paie et renvoie celle que le colonel-commissionner de Peshawour avait mise à ma disposition ; j’irai dans le véhicule de mes nouveaux compagnons. (C’est l’agrément du voyage que cette perpétuelle surprise, ce renouveau d’âmes autour de soi.

D’abord nous courons au fort.

Le fort de Jamrud est fait de terre amoncelée.

« Il est pareil à un encrier, » me dit en riant le chef de poste, Écossais très spirituel et bon vivant qui a traversé la France de part en part à bicyclette.

En effet, j’ai vu, dans les échoppes de l’Inde, des encriers qu’on eût pu croire les diminutifs de ce bastion. Seulement cet encrier-ci est plein de soldats afridis. Après avoir inscrit nos noms sur un