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VISIONS DE L’INDE

« Il faut que ces gens aient à nous soigner quelque grand intérêt personnel ; nous ne voulons pas être leurs dupes. »

L’idée d’humanité et de philanthropie ne pénètre pas en de tels cerveaux. Quoi qu’on fasse pour eux, ils s’imaginent toujours qu’on veut les exploiter. Comme les faibles, ils ne comprennent que la loi d’égoïsme.

Quant à la famine, avouons qu’une partielle négligence peut être reprochée à l’administration britannique.

Je le sais, elle établit des chantiers de famine où, selon leur travail, sont rétribués les affamés ; et même les impotents et les malades reçoivent quelque secours. Seulement on n’a pas eu le courage de s’opposer aux spéculations effrénées des marchands qui drainent les récoltes, profitant de la rapacité de l’indigène assez imprudent pour ne rien réserver dans ses greniers. Qu’une mauvaise année arrive, et les agioteurs qui ont leurs magasins remplis jouent à la hausse, quitte à laisser mourir de faim des milliers et même des millions d’individus.

Sur les quais de Bombay et de Calcutta, à certaines époques de famine, les ballots de blé et de céréales de toutes sortes s’entassaient, devenus hors de prix par l’avarice des négociants. De ce point de