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VISIONS DE L’INDE


VIII

L’Extase

… La ville fuit. Les docks eux-mêmes, longs de douze « miles » anglais, finissent. Le Gange monte autour de nous, la marée favorable nous entraîne vers le monastère. Tout blanc avec son jardin de palmiers que domine le trident de la pagode, il nous fait signe de ses terrasses complaisantes.

L’Américaine est devenue grave. Elle se rappelle avoir entendu à New-York ce Vivekananda qui charme les âmes. Elle a accepté tout de suite quand je lui ai dit de venir avec moi. C’est une promeneuse infatigable. Je lui fus présenté à Paris pendant l’Exposition… Nous nous sommes, depuis, rencontrés au Caire ; et, hier, à Calcutta, devant le « Great Eastern », j’ai reconnu ses yeux d’acier, sa silhouette chaste et inassouvie : « Que le monde est petit ! » s’est-elle écriée. La terre n’est qu’un carrefour où se croisent les errants.

Vivekananda est debout sur la terrasse. Ses yeux énormes ont dévoré son visage. Cet homme, au teint presque noir, vêtu comme les Aryens d’il y a