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VISIONS DE L’INDE

couronnée de jasmins. Comme Marsyas, il jouait de la flûte. J’entendis jaillir de ses pures lèvres les passages des Védas qui célèbrent la beauté du renoncement et la richesse de celui qui n’a rien. « L’âme, c’est le nageur ; les passions, sont les crocodiles ; le Gange, c’est la vie ; l’autre rive, le nirvana. Va le plus tôt qu’il se peut, en évitant le piège dévorateur, te reposer sur la rive fleurie d’immortalité. » Et je songeai que l’Inde véritable était loin de ces quartiers infects, résidus de l’Europe. Elle résidait en ce jeune homme. Elle s’épanouira un jour en quelque ascète héroïque, qui, rappelant aux siens, enfin unis et régérénés, leur gloire antique et leurs origines aryennes, les conduira peut-être à de nouvelles et sublimes destinées.