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il supprime les consonnes finales muettes, l’e muet, change les douces en fortes (ètint, entendre). Les désinences casuelles ou personnelles devenues muettes sont rejetées, donc pas d’s au pluriel quand elle ne se prononce pas. Il supprime les apostrophes et se dit que les intervalles blancs suffisent pour montrer au lecteur qu’il a affaire à des mots différents : i m sonl. Il réserve l’apostrophe à un autre usage : elle sert pour avertir que la consonne finale doit se prononcer. Les voyelles muettes internes sont tout simplement supprimées : évennmin, cermoneu, kminsî.

Chose étrange dans un esprit aussi libre, il continue, tout en rejetant l’e final muet, à faire alterner les rimes masculines et les rimes féminines. Tant est grand le prestige des règles françaises ! Marot, qui écrivait les e, ne connaît pas cette obligation ; Simonon, qui n’écrit pas les e, qui est étranger, usant d’un dialecte étranger, se croit forcé d’obéir à une règle d’emprunt qu’aucune bonne raison ne justifie !

Voici une suite d’exemples destinés à montrer avec quel soin Simonon distingue les voyelles. Notez qu’il rejette ai, au, ei, que s’il conserve ou, eu, c’est bien par nécessité, que oi a déguerpi également, remplacé par , . Comme il n’a pas d’e muet, son e n’a pas besoin d’accent pour représenter e ouvert. Enfin il a repoussé la nasale ambiguë en, les ain, ein, aim, etc.

a, â, ŏ̀ : stalé (étaler), sâl (salle), prononcez sŏ̀l.

e, é, è, ê, ai : veyév (voyait), Lambêr, rêzon (raison), (font).

o, ô, au : eco (encore), vôɹ (voie), rôk (rauque).

i, î : gripî (grimpaient), ji mî (je m’y).

u, û : pu (plus), sûvî (suivaient).

ou,  : veyou (vu), hoûtron (écouteront).

eu,  : jeû, creû (croix), peûr (pure).

an, en : gran, pindév (pendait), jin (gens).

in, en, ain, ein : fin (faim), plin (plein), rin (rien).