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navrant : la ville était encore dans l’eau ; la mer, encore d’une hauteur prodigieuse, nous apportait des épaves de toute nature ; des mâts, des coques de navires paraissaient seuls là où nous avions vu la veille tant d’embarcations complètes et élégantes, et depuis deux jours on ne cesse de recueillir autour de nous des corps flottants.

Plus de quinze cents Chinois ont disparu avec leurs sampans, petites embarcations où vit toute la famille. Un navire espagnol, arrivé, dans la matinée, a perdu quatre-vingt-dix passagers et son équipage. On compte une douzaine de navires perdus ; un grand nombre ont éprouvé des pertes considérables, mais on ne peut évaluer encore le nombre des victimes. La ville offre aussi un aspect désolé. Les toits sont enlevés, les maisons écroulées en partie, les quais brisés, les rues jonchées d’arbres, de débris de toutes sortes. Cependant cette population chinoise paraît résignée, chacun va et vient, réparant les dégâts avec une tranquillité qu’on ne pourrait remarquer chez nous.

Ce soir nous avons quitté l’Ava et nous sommes maintenant à bord du Tanaïs ; dans huit à neuf jours, nous espérons arriver à Yokohama.

M. Janssen ajoute :

Nous devons des éloges à notre commandant et à nos officiers, pour leur conduite pendant la tourmente. J’ai passé toute la nuit du typhon (22 à 23 septembre) avec le commandant. Je vous enverrai mes observations.

Nous arrivions à Yokohama le 3 octobre au matin.

Après le séjour strictement nécessaire à Yoko-