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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Toute la nuit, il vit rôder autour des roues de la voiture les pieds prudents et précautionneux des deux Flamands.

Le matin, un peu avant l’aube, il s’endormit pourtant… sommeil de léthargie, sommeil d’extrême fatigue, profond comme la mort.

La pluie continuait de tomber. Auprès de lui, Barbarat ronflait.

Dans le barou, aucun bruit : les deux jeunes filles reposaient sans doute…

Alors les pieds des Flamands cessèrent de virer autour des roues… se tinrent immobiles… Puis, deux corps se courbèrent, ruisselants, grelottants… s’allongèrent, l’un à droite de Jean-Louis, l’autre à gauche… Barbarat, un instant, cessa de ronfler… et Sturberg murmura :

— Une petite place sous votre abri, camarade… nous sommes gelés…

Barbarat, à moitié endormi, se recula contre une roue… et aussitôt, de nouveau, ronfla.

Alors, ce fut, chez les quatre, l’immobilité absolue. Les Flamands étaient tombés sur le sol, engourdis par une fatigue énorme, et durant les premières minutes rien ne bougea. Puis, peu à peu, ce furent des mouvements imperceptibles. Sturberg se souleva sur un coude…

Nicky Lariss en fit autant… L’un était à la gauche de Jean-Louis, l’autre à la droite… Ils l’encadraient… Longtemps ils regardèrent le meunier dormir… surveillant un réveil possible. Les deux bandits ne firent aucun signe et n’échangèrent aucune parole… Ils avaient dû se concerter avant et n’avaient plus qu’à obéir au plan conçu…

Lentement, Sturberg tira de sa poche une petite fiole.

Il la vida tout entière sur son mouchoir…