Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/179

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est prise, sa vocation est décidée : il va se mettre au travail tout de suite. Il a toujours eu un penchant pour l’escamotage !

C’est le plus grand chippeur du collège ; il aimait déjà à fouiller dans les pupitres, et il savait retirer un crayon de dessus l’oreille d’un camarade, sans que le camarade s’en doutât. Il savait couper une orange en huit et cacher une pièce dans le coin d’un mouchoir.

Il escamotait déjà la toupie, l’agate et la plume à tête de mort. Il avait une collection de petits dessins cueillie à l’aide de fausses clefs dans les boîtes des copains.

Non qu’il aimât les arts, mais il se plaisait à faire de la serrurerie sournoise et à passer sa main entre les fentes. Il volait les cahiers de punition et les listes de places dans la poche des maîtres. Il avait une fois subtilisé le portefeuille d’un professeur, et les secrets de M. Boquin avaient été à la merci des moutards pendant huit jours.

Le pauvre Boquin en avait manqué un mariage et failli perdre sa place.

Vidaljan avait apporté aussi des améliorations dans la plume à pensums : il était parvenu à ficeler quatre becs ensemble, ce qui ne s’était jamais vu encore, de l’aveu même de Gravier, qui avait été trois mois en pension à Paris, et il écrivait quatre vers de Virgile à la fois.

Déjà porté à l’escamotage, il eut la tête tournée par la magie blanche.

Il acheta les Secrets du petit Albert. Nous le vîmes