Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/32

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J’ai dévoré Les Vacances d’Oscar.

Je vois encore le volume cartonné de vert, d’un vert marbré qui blanchissait sous le pouce et poissait les mains, avec un dos de peau blanche, s’ouvrant mal, imprimé sur papier à chandelle. Eh bien ! il tombe de ces pages, de ce malheureux livre, dans mon souvenir, il tombe une impression de fraîcheur chaque fois que j’y songe !

Il y a une histoire de pêche que je n’ai point oubliée.

Un grand filet luit au soleil, les gouttes d’eau roulent comme des perles, les poissons remuent dans les mailles, deux pêcheurs sont dans l’eau jusqu’à la ceinture, c’est le frisson de la rivière.

Il avait su, cet Hennequin, ce proviseur dégommé, ce chantre du petit Oscar, traîner ce grand filet le long d’une page et faire passer cette rivière dans un coin de chapitre…


Le professeur de philosophie — M. Beliben — petit, fluet, une tête comme le poing, trois cheveux, et un filet de vinaigre dans la voix.

Il aimait à prouver l’existence de Dieu, mais si quelqu’un glissait un argument, même dans son sens, il indiquait qu’on le dérangeait, il lui fallait toute la table, comme pour une réussite.

Il prouvait l’existence de Dieu avec des petits morceaux de bois, des haricots.

« Nous plaçons ici un haricot, bon ! — là, une allumette. — Madame Vingtras, une allumette ? — Et