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l’île mystérieuse.

— Oui ! murmurait Pencroff. C’était un homme celui-là, et un vrai !

— C’était… dit Harbert. Est-ce que tu désespères de le revoir jamais ?

— Dieu m’en garde ! » répondit le marin.

Le travail d’appropriation fut rapidement exécuté, et Pencroff s’en déclara très satisfait.

« Maintenant, dit-il, nos amis peuvent revenir. Ils trouveront un abri suffisant. »

Restait à établir le foyer et à préparer le repas. Besogne simple et facile, en vérité. De larges pierres plates furent disposées au fond du premier couloir de gauche, à l’orifice de l’étroit boyau qui avait été réservé. Ce que la fumée n’entraînerait pas de chaleur au dehors suffirait évidemment à maintenir une température convenable au dedans. La provision de bois fut emmagasinée dans l’une des chambres, et le marin plaça sur les pierres du foyer quelques bûches, entremêlées de menu bois.

Le marin s’occupait de ce travail, quand Harbert lui demanda s’il avait des allumettes.

« Certainement, répondit Pencroff, et j’ajouterai : heureusement, car, sans allumettes ou sans amadou, nous serions fort embarrassés !

— Nous pourrions toujours faire du feu comme les sauvages, répondit Harbert, en frottant deux morceaux de bois secs l’un contre l’autre ?

— Eh bien ! essayez, mon garçon, et nous verrons si vous arriverez à autre chose qu’à vous rompre les bras !

— Cependant, c’est un procédé très-simple et très-usité dans les îles du Pacifique.

— Je ne dis pas non, répondit Pencroff, mais il faut croire que les sauvages connaissent la manière de s’y prendre, ou qu’ils emploient un bois particulier, car, plus d’une fois déjà, j’ai voulu me procurer du feu de cette façon, et je n’ai jamais pu y parvenir ! J’avoue donc que je préfère les allumettes ! Où sont mes allumettes ? »

Pencroff chercha dans sa veste la boîte qui ne le quittait jamais, car il était un fumeur acharné. Il ne la trouva pas. Il fouilla les poches de son pantalon, et, à sa stupéfaction profonde, il ne trouva point davantage la boîte en question.

« Voilà qui est bête, et plus que bête ! dit-il en regardant Harbert. Cette boîte sera tombée de ma poche, et je l’ai perdue ! Mais, vous, Harbert, est-ce que vous n’avez rien, ni briquet, ni quoi que ce soit qui puisse servir à faire du feu ?

— Non, Pencroff ! »