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LIVRE PREMIER.

le traité Chi-thsi-fi-lan [Saptadaça bhoûmi çâstra), qu’on appelle diUpUTiïhm Y u-kia-sse-fi-lun [Yôgâtchâryy a bhoûmi çâstra), afin d’éclaircir les doutes qui l’agitaient. « Jadis, dit-il, Fa-hien et Tchi-yen étaient les premiers lettrés de leur siècle, et tous deux purent aller chercher la Loi poiu* servir de guide aux hommes et faire leur bonheur. Pourrait-on ne pas marcher sur leurs traces et laisser périr l’héritage de leur belle renonunée ? Le devoir d’une grande âme est de les imiter et de les suivre. »

Là-dessus, il s’associa avec plusieurs religieux et présenta une requête à laquelle im décret impérial répondit par im refus. Ces derniers se retirèrent ; mais le Maître de la loi ne se laissa point abattre et forma dès lors le projet de voyager seul. Ayant appris que les routes de l’ouest étaient pleines de difficidtés et de périls, il sonda son cœur et il sentit que, puisqu’il avait déjà pu s’affranchir des amertumes de la vie du siècle, il saurait affronter tous les obstacles sans reculer d’un pas. Cependant il conunença par entrer dans ime tour sacrée, pour exposer ses intentions devant la multitude des saints, et les prier d’entourer d’une protection invisible son voyage et son retour.

Au moment de la naissance du Maître de la loi, sa mère avait rêvé qu’il partait pour l’Occident, vêtu d’une robe blanche. « Mon fils, lui dit-elle, où voulez-vous aller ? » — « Je pars, lui avait-il répondu, pour aller chercher la Loi. » Ce fut là le premier présage de ses excursions lointaines.