Page:Julien - Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l’Inde.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
24
VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

nouvelles figures, et à chaque instant cette scène mouvante offrait tour à tour mille métamorphoses. Il regarde au loin, autant que sa vue peut s’étendre ; mais, à peine se croit-il tout près, qu’elles s’évanouissent.

Au premier coup d’œil, le Maître de la loi avait cru apercevoir une multitude de brigands ; mais, en les voyant disparaître au moment où il les croyait près de lui, il reconnut que c’étaient de vaines images créées par les démons. Ensuite il entendit venir du milieu des airs une voix qui lui criait : Ne craignez point, ne craignez point !

Il se tranquillisa un peu, et, après avoir fait quatre-vingts li (huit lieues), il vit devant lui la première tour à signaux. Craignant d’être aperçu par les hommes qui y étaient en observation, il alla se cacher dans un canal ensablé et ne partit qu’à la nuit. Arrivé à l’ouest de la tour, il découvrit l’eau qu’on lui avait annoncée et descendit pour en boire et se laver les mains. Après quoi, il voulut prendre son outre et la remplir d’eau ; mais, au même instant, il entendit siffler une flèche qui faillit le blesser au genou. Peu après, une seconde flèche vint tomber à ses côtés. Il reconnut alors qu’il avait été aperçu, et cria à haute voix : « Je suis un religieux qui vient de la capitale ; je vous en prie, ne tirez pas sur moi. »

Aussitôt, prenant son cheval par la bride, il se dirige vers la tour. Les hommes qui étaient en observation ouvrirent la porte et sortirent. Dès qu’ils l’eurent vu, ils reconnurent que c’était en effet un religieux, et, rentrant avec lui, ils le présentèrent au commandant du poste qui se nommait Wang-Siang. Celui-ci, ayant ordonné