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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

est indigne de la bienveillance infinie de Votre Majesté ; mais je n’ai pas entrepris ce voyage pour recevoir des hommages. J’étais affligé de voir que, dans mon pays, on n’avait qu’une intelligence incomplète de la Loi, et que les textes sacrés étaient rares et défectueux. Agité par des doutes pénibles, j’ai voulu aller chercher moi-même les monuments purs et authentiques de la Loi. C’est pour cela que je me suis élancé, au risque de ma vie, vers les contrées de l’ouest, afin d’entendre des doctrines inconnues. Je veux que par mes efforts la douce rosée (amrĭta) humecte non-seulement Kia-weï (Kapila), mais encore qu’elle se répande dans toute l’étendue des royaumes de l’est (la Chine). Comment pourriez-vous m’arrêter à moitié chemin ? Je vous en prie, ô roi, renoncez à votre projet, et cessez de m’honorer d’une amitié aussi excessive. »

— « Votre disciple, dit le roi, vous aime avec une tendresse sans bornes ; je veux absolument vous retenir pour vous offrir mes hommages ; il serait plus aisé de transporter les monts Tsong-ling que d’ébranler ma résolution. Veuillez croire à la sincérité de mon cœur et à la vérité de mes paroles. »

— « Ai-je besoin, répondit le Maître de la loi, de tant de protestations pour être convaincu de votre profonde affection ? Mais Hiouen-thsang est venu dans l’ouest par amour pour la Loi ; et comme il n’est pas encore en possession de la Loi, il lui est impossible de s’arrêter au milieu de son entreprise. C’est pourquoi je vous prie respectueusement d’agréer mes refus. Veuillez, ô roi, vous