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LIVRE DEUXIÈME.

besoin d’aller dans l’occident, et de vous exposer à une foule de dangers et de fatigues ? »

« Avez-vous ici le Ya-kia-lun (le Yôgâtchâryya bhoûmi çâstra) ? » lui demanda le Docteur de la loi.

— « A quoi bon, répondit Mo-tcha-kio-to (Mokcha- goupta), vous informer de ce livre qui ne renferme que des vues erronées ? C’est un ouvrage que n’étudient point les vrais disciples du Bouddha. » Dans les premiers moments, le Maître de la loi avait pour lui un profond respect ; mais quand il eut entendu ces paroles, il le trouva aussi méprisable qu’une vile poussière. « Dans notre royaume, lui dit-il, nous avions aussi le Pi-p’o-cha (Vibhâchâ) et le Kiu-ché (Kôcha) ; mais je voyais avec regret que les principes en sont communs et le style superficiel ; ce n’est pas là le langage des A-lo-han (Arhân). Voilà pourquoi j’ai quitté ma patrie, afin d’étudier surtout le Yu-kia (Yôgaçâstra) du grand Véhicule (Mahâyâna). Or le Yu-kia-lun (Yôgaçâstra) a été exposé par un sage qui était une incarnation de Mi-le [Maîtréya bôdhisattva). En l’appelant aujourd’hui un livre erroné, comment ne craignez-vous pas d’être précipité dans un abîme sans fond ? »

— « Le Pi’p'o-cha (Vibhâchâ), et le Tsa-sin-kiu-che (Samyoukta hrĭdaya kôcha), reprit Mo-tcha-kio-to (Mokcha-goupta), sont des livres que vous n’avez pas encore expliqués, comment pouvez-vous dire qu’ils ne contiennent pas la Loi profonde ? »

« Maître, dit Hiouen-thsang, les avez-vous expliqués ? »

— « Je les ai expliqués complètement, » répondit-il.