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LIVRE DEUXIÈME.

trouver pour causer avec lui ; mais, dans ces visites, il ne s’asseyait plus les jambes croisées. Tantôt il restait debout, tantôt il s’éloignait précipitamment. « Il n’est pas aisé, disait-il en secret aux gens du couvent, de répondre à ce religieux chinois. S’il va dans l’Inde, je crains bien que les jeunes disciples de cette contrée ne puissent lui tenir tête. »

Telle était la crainte et l’admiration que le Maître de la loi lui inspirait !

Le jour de son départ, le roi lui donna des domestiques, des chameaux et des chevaux, et alla l’accompagner au loin, suivi des religieux et des laïques de toute la ville.

De là il marcha vers l’ouest pendant deux jours, et rencontra environ deux mille brigands à cheval qui appartenaient à la nation des Tou-kioue (Turcs). Ces brigands venaient de partager entre eux les provisions et les richesses d’une caravane. Il s’était élevé entre eux, à ce sujet, de vives contestations qu’ils avaient tranchées les armes à la main, et ils s’étaient ensuite dispersés.

Hiouen-thsang continua à marcher en avant ; après avoir fait six cent li, il passa un petit désert et arriva au royaume de Po-lou-kia (Bâlouka ?).

Il y resta une seule nuit, fit ensuite trois cents li au nord-ouest, passa un désert et arriva au mont Ling-chan ou la Montagne de glace (Mousour aola), qui forme l’angle nord des monts Tsong-ling. Cette montagne est fort dangereuse et son sommet s’élève jusqu’au ciel. Depuis le commencement du monde, la neige s’y est accumulée