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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

la dixième lune répond à notre cinquième lune[1]. En voyant votre figure, je crains bien qu’elle ne fonde à votre arrivée. Les habitants sont noirs ; ils vont nus, la plupart, sans respect pour les bienséances, et ne méritent point que vous alliez les visiter. »

— « Tel que vous me voyez, répartit Hiouen-thsang, je brûle du désir d’aller chercher la loi du Bouddha, et d’interroger les monuments antiques, pour suivre avec amour la trace de ses pas. »

Le Khan ordonna alors de chercher dans l’armée un homme versé dans la langue chinoise et dans les idiomes des pays étrangers. On trouva un jeune homme qui avait résidé, pendant plusieurs années, à Tch’ang-’an et qui comprenait parfaitement la langue chinoise. Le prince lui conféra le titre de Mo-to-ta-kouan pour qu’il rédigeât des lettres (de recommandation) en langues étrangères, et lui ordonna d’accompagner le Maître de la loi jusqu’à Kia-pi-che (Kapiça). Ensuite il donna à Hiouen-thsang un costume complet de religieux en satin rouge, et cinquante pièces de soie. Il voulut, en outre, l’accompagner avec ses officiers jusqu’à une distance de dix li.

De là il fit quatre cents li à l’ouest, et arriva à Ping-yu (aujourd’hui Bin-gheul), qu’on appelle en chinois Thsien-thsiouen ou « les mille sources » (en mongol Ming boulak). Ce pays a environ cent li en carré ; on y voit une multitude de lacs et d’étangs, et des arbres aussi

  1. C’est-à-dire : là, il fait aussi chaud dans la dixième lune (hiver), qu’ici dans la cinquième (été).