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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

tagnes noires (l’Indoukouch), traversa une rivière et arriva au royaume de Na-kie-Mio (Nagarhâra).

À deux li au sud-est de la capitale, il y a un Stoûpa haut de trois cents pieds qui fut bâti par le roi Wou-yeou (Açôka). Ce fut là que Chi-kia-pou-sa (Çâkya bôdhisattva), dans le deuxième Seng-k’i (Asam̃khya), rencontra Jen-teng-fo (Dipam̃kara bouddha). Ayant étendu à terre son vêtement de peau de cerf et déployé ses cheveux pour se préserver de la boue du sol, il reçut une prédiction (sur sa destinée future).

Quoique, depuis cette époque, le monde ait passé par le Kalpa de la destruction (Sam̃vartta kalpa), ce monument subsiste toujours. Les Dévas répandent des fleurs et lui offrent constamment leurs hommages. Quand le Maître de la loi fut arrivé à ce Stoûpa, il le salua avec respect et en fit plusieurs fois le tour. À côté, se trouvait un vieux Çramana qui expliqua à Hiouen-thsang la cause et l’origine de sa construction. « Puisque ce fut dans le deuxième Seng-k’i (Asam̃khya), lui demanda le Maître de la loi, que le Bôdhisattva déploya ses cheveux, depuis le deuxième Seng-k’i (Asam̃khya) jusqu’au troisième, il s’est écoulé un nombre infini de Kalpas. Dans chacun de ces Kalpas, le monde a dû bien des fois périr et renaître. Or, comme aux époques d’incendie universel, le mont Sou-mi-liu (Soumêrou) lui-même a été réduit en cendres, comment ce monument a-t-il pu échapper seul aux ravages du feu ? » — « Lorsque le monde était détruit, répondit le vieillard, cette tour subissait aussi la destruction générale ;