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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

tara bôdhi) ; c’est pour cela qu’on l’a appelé l’Arbre de l’intelligence (Bôdhidrouma). Le tronc de l’arbre est d’un blanc-jaune, et ses feuilles, vertes et luisantes, ne tombent ni en automne ni en hiver. Seulement, quand vient le jour du Nirvana du Talhâgata, elles se détachent tout d’un coup pour renaître le lendemain aussi belles qu auparavant. Tous les ans, à pareil jour, les rois, les ministres et les magistrats se rassemblent au-dessous de cet arbre, l’arrosent avec du lait, allument des lampes, répandent des fleurs et se retirent après avoir recueilli de ses feuilles.

Quand le Maître de la loi fut arrivé, il offrit ses hommages à l’Arbre de l’intelligence et à la statue du Tathâgâta, construite par les soins de Ts’e-chi-pou-sa (Maitréya bôdhisattva) à l’époque où il obtint l’intelligence parfaite. Après l’avoir contemplée avec une foi ardente, il se prosterna contre terre, poussa des gémissements et s’abandonna à la douleur. « Hélas ! dit-il en soupirant, quand le Bouddha obtint l’Intelligence accomplie, j’ignore dans quelle condition je traînais ma misérable vie. Maintenant que me voici arrivé en ce lieu dans les derniers temps de la statue^^1, je ne puis songer, qu’avec la rougeur sur le front, à l’immensité et à la profondeur de mes fautes ! » À ces mots un ruisseau de larmes inonda son visage. Dans ce moment, plusieurs milliers de religieux, qui

1 C’est-à-dire à une époque où la statue d’Avalôkitêçvara, déjà presque entièrement enfoncée en terre, est sur le point de disparaître et annonce une fin prochaine de la Loi du Bouddha.