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LIVRE TROISIÈME.

l'histoire de ma maladie et de mes souffrances depuis ces trois dernières années. »

À ces mots, Khio-hien (Bouddhabhadra) laissa échapper un cri de douleur ; puis, essuyant ses larmes, il s'exprima ainsi :

« Autrefois le Ho-chang (Oupâdhyâya ) souffrait d'un rhumatisme aigu ; à chaque accès, ses mains et ses pieds se contractaient avec force, et il ressentait de cuisantes douleurs, comme si on les eût brûlés avec le feu ou percés avec le fer. Pendant plus de vingt ans, ces accès n'avaient pas plutôt cessé qu'ils renaissaient sur-le-champ. Mais, il y a trois ans, ses souffrances revinrent avec une nouvelle intensité. Fatigué d'un sort aussi misérable, il voulait renoncer à toute nourriture pour en finir avec la vie, lorsque, pendant la nuit, il vit en songe trois Dévas, le premier de couleur d'or, le deuxième, couleur de lieou-li (lapis-lazuli), et le troisième, couleur d'argent blanc. Leur taille était belle et leur figure pleine de dignité ; ils étaient vêtus d'habits de cérémonie aussi légers que brillants. L'un d'eux s'approchant du Maître, l'interrogea en ces termes :

« Est-il vrai que vous voulez quitter ce corps ? Les livres sacrés disent que le corps est né pour souffrir ; ils ne disent point qu'il faille se débarrasser de son corps. Dans une de vos existences passées, vous étiez jadis roi, et vous faisiez endurer de cruels tourments à tous les êtres vivants ; voilà ce qui vous a attiré ce châtiment. Maintenant il faut que vous examiniez attentivement vos fautes passées, et que vous vous livriez à un sincère