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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

sements horribles, qui firent tomber de frayeur les hommes et les chevaux, de sorte que personne n’osait s’avancer pour l’attaquer.

Beaucoup de jours s’écoulèrent ainsi sans résultat. Le roi lit une nouvelle proclamation, et promit cent mille pièces d’or à quiconque serait capable de tuer le lion.

Le fils dit alors à sa mère : « Il nous est impossible de supporter plus longtemps la faim et le froid ; je désire répondre à l’appel du roi, qu’en pensez-vous ?

— Il ne faut pas y aller, lui répondit-elle ; car, quoique ce lion soit une bête fauve, cependant c’est votre père. Si vous le tuez, vous ne mériterez plus le nom d’homme !

Si je ne le tue pas, dit le fils, il ne s’en ira jamais, et, peut-être, viendra-t-il jusque dans le village pour nous chercher et nous poursuivre. Si, un matiD* le roi-lion apprend notre retour, croyez-vous que nous puissions échapper à la mort. Pourquoi donc me retenez-vous ? Ce lion est une source de désastres, et le malheur finira par nous atteindre nous-mêmes. Faut-il que, pour épargner un seul individu, je cause le désespoir et la ruine de tout le peuple ? J’y ai bien réfléchi, mon premier devoir est de répondre à l’appel du roi. » En disant ces mots, il partit.

Quand le lion l’eut vu, il se coucha d’un air doux et soumis, et, oubliant ses dispositions meurtrières, il témoigna la joie la plus vive. Mais le fils, avec un couteau acéré, lui ouvrit la gorge et lui fendit le ventre. Le