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LIVRE QUATRIÈME.

inconvenante ne s’échappa de sa bouche, et la colère ne rougit point son visage. Jamais il n’eut l’idée de faire du mal à ses sujets ni de tuer une mouche ou une fourmi. Dans la crainte de causer la mort aux insectes qui vivent dans l’eau, il ne permettait pas d’en donner à boire aux éléphants ou aux chevaux avant de l’avoir soigneusement filtrée. Quant aux hommes du royaume, il leur défendait sévèrement de tuer des animaux. De là vient que les bêtes féroces s’attachaient aux hommes, les loups oubliaient leur fureur ; la paix régnait dans l’intérieur des frontières, et des présages de bonheur éclataient chaque jour.

Le roi fit construire des couvents où brillait une rare magnificence, et y plaça les statues des sept Bouddhas ; enfin, chaque année il convoquait la Grande assemblée de la Délivrance (Mokcha mahâparichad). Pendant les cinquante ans qu’il resta sur le trône, il n’interrompit point, pendant un seul instant, ces œuvres méritoires. Tout le peuple en conçut pour lui une vive affection qui n’est pas encore éteinte aujourd’hui.

À vingt li au nord-ouest de la capitale, à côté de la ville des Brahmanes (Brâhmaṇapoura), on voit une fosse profonde. Ce fut là qu’un brahmane plein d’arrogance, pour avoir calomnié le grand Véhicule, tomba vivant dans l’enfer. On en trouvera le récit dans le Si-yu-ki[1].

De là il fit de deux mille quatre cents à deux mille cinq cents li au nord-ouest, et arriva au royaume de

  1. C’est-à-dire dans la relation originale d’Hiouen-thsang, liv. XI, [illisible].