Page:Julien - Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l’Inde.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
226
VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

Le Maître de la loi eut le désir de s’arrêter dans le royaume de Ou-tch’a (Orissa). Il se procura alors le traité en sept cents çlokas qu’un docteur du petit Véhicule (nommé Pradjñâgoupta) avait composé pour réfuter la doctrine du grand Véhicule. Ayant remarqué dans cet ouvrage quelques endroits douteux, il dit au brâhmane qu il venait de vaincre : « Avez-vous entendu expliquer ce livre ?

— « Je l’ai entendu expliquer cinq fois d’un bout à l’autre, » répondit celui-ci.

Le Maître de la loi ayant voulu qu’il expliquât ces passages, il répondit : « Maintenant je suis votre esclave ; serait-il convenable que je donnasse des leçons à mon vénérable maître ? »

— « Ces principes me sont étrangers, lui dit le Maître de la loi, je n’en avais encore aucune idée ; expliquez-les donc sans scrupule ni hésitation. »

« En ce cas, dit le brâhmane, veuillez attendre jusqu’au milieu de la nuit. Je craindrais que les hommes du dehors ne m’entendissent et qu’en paraissant étudier sous la direction de votre esclave, vous ne ternissiez votre honorable réputation. »

Quand la nuit fut venue, il éloigna tout le monde et ordonna au brâhmane d’expliquer ce livre d’un bout à l’autre.

Quand il l’eut bien compris, il en rechercha les erreurs et composa à son tour un traité en mille çlôkas, intitulé P’o-o-kien-lun (Traité pour réfuter les mauvaises doctrines), où il exposait de point en point les principes