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LIVRE CINQUIÈME.

d’instruments, divisé les saisons de l’année et découvert les propriétés cachées des six tons de la musique. C’est pour cela qu’ils ont pu expulser ou soumettre les animaux sauvages, toucher et faire descendre les démons et les esprits, calmer (les influences contraires du) In et du Yang^^1 et procurer la paix et le bonheur à tous les êtres. Depuis que la loi léguée par le Bouddha a pénétré dans l’Orient (en Chine), tous estiment le grand Véhicule, et leurs lumières sont pures comme l’eau limpide ; leur vertu se répand comme un nuage de parfums ; ils se livrent avec amour à la pratique du bien et ne forment d’autre vœu que d’arriver, par des actes méritoires, aux dix degrés de la perfection. Croisant les mains et absorbés dans une profonde méditation, ils aspirent à arriver aux trois états sublimes^^2. Si jadis le grand Saint (le Bouddha) est descendu sur la terre, c’était uniquement pour répandre lui-même les heureuses influences de la Loi. J’ai eu le bonheur d’entendre son langage merveilleux et de voir de mes yeux son visage d’or. J’ignore

1 Du principe mâle et du principe femelle dont l’harmonie (suivant les Chinois) favorise la naissance et le développement de tous les êtres, et dont le dérangement ou l’opposition contrarient toutes les opérations de la nature.

2 En sanscrit, 1° Dharmakâya (littér. le corps de la loi), l’état de celui qui est arrivé au comble de l’intelligence ; 2° Sambhôgakâya (litt. le corps de la jouissance), l’état de celui qui a pu unir son intelligence avec la nature subtile de la loi ; 3° Nirmaṇakâya (littér. le corps doué de la faculté de se transformer), l’état de celui qui, étant déjà doué des deux mérites précités, peut, suivant les circonstances, apparaître où il veut, développer la loi et sauver les créatures (San-thsang-fa-sou, [illisible]