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LIVRE CINQUIÈME.

Le roi Koumâra fut saisi d’effroi. Désolé de l’expression imprudente qui lui était échappée, il ordonna d’équiper vingt mille éléphants et trente mille bateaux ; puis il partit avec le messager et remonta le Gange pour se rendre en grande pompe au palais du roi [Çilâdiiyà). Quand il fut arrivé au royaume de Kie-tchou-ou-ki-lo Kadjoûgira), il alla d’abord rendre visite au roi.

Lorsque le roi Koumâra fut sur le point de partir, il fit construire, au nord du Gange, un palais de voyage, le jour-là, il traversa le fleuve, se rendit au palais et installa le Maître de la loi. Ensuite, avec ses grands officiers, il alla voir le roi Kiaï-ji [Çilâditya) sur la rive septentrionale du fleuve.

Le roi Kiaî-ji [Çilâditya) y le voyant venir, fut au comble de la joie et reconnut qu’il était rempli de respect et d’affection pour le Maître de la loi. Il ne songea plus à lui reprocher ses paroles précédentes ; il se contenta de lui demander où était le religieux de la Chine.

« Il est dans mon palais de voyage, » répondit le roi Koumâra.

— « Pourquoi n’est-il pas venu ?

Votre Majesté, lui dit-il, respecte les sages et chérit les hommes vertueux. Eût-il été convenable d’envoyer ici le Maître de la loi, pour rendre visite au roi ?

— Vous avez bien fait, répondit Çilâditya. Vous pouvez vous retirer. Demain j’irai moi-même le voir. »

Le roi Koumâra s’en retourna donc et alla trouver Hiouen-thsang, « Maître, lui dit-il, quoique le roi ait promis de venir demain, je crains qu’il n’arrive cette nuit