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LIVRE CINQUIÈME.

pourrait tomber et périr si l’on n’était conduit, pas à pas, par des indigènes. On marcha, depuis le matin jusqu’au soir, pour traverser tous ces précipices couverts de glace. Dans ce moment, il ne restait plus que sept religieux, vingt domestiques, un éléphant, dix ânes et quatre chevaux. Le lendemain matin, ils arrivèrent au bas du passage de montagne. Ensuite, après avoir suivi des sentiers tortueux, ils purent gravir un sommet qui de loin avait l’aspect de la neige ; une fois arrivés près de la cîme, ils reconnurent qu’il ne se composait que de pierres blanches.

Ce sommet était tellement élevé que les nuages congelés et la neige qu’emporte le vent n’arrivaient point jusqu’à l’extrémité de sa crête. Le jour commençait à s’obscurcir lorsque les voyageurs parvinrent au sommet ; mais ils étaient pénétrés par un vent glacial qui ne leur laissait pas la force de se tenir debout.

Cette montagne n’offrait aucune trace de végétation ; on ne voyait partout que des pierres entassées en désordre et des groupes de pics arides se dressant, à perte de vue, comme une forêt d’arbres dépouillés de feuillage. Elle était si élevée et le vent si impétueux, que les oiseaux mêmes ne pouvaient la traverser en volant ; ce n’était qu’à plusieurs centaines de pas au sud et au nord, en dehors de ce sommet, qu’ils pouvaient prendre leur essor.

Si l’on cherche, dans tout le Djamboudvipa, les sommets les plus élevés, on n’en trouvera pas un seul qui dépasse celui que nous venons de décrire.