Page:Julien - Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l’Inde.djvu/38

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partie de leur science. On voit mieux en effet par ses propres yeux que par ceux des autres ; on a de plus l’immense avantage de pouvoir tenir son esprit constamment occupé de la même difficulté, de la retourner sur toutes ses faces et de l’étudier dans tous ses détails ; ce que ne peut faire un savant que l’on consulte occasionnellement et qui est étranger au sujet sur lequel on l’interroge. Je l’ai éprouvé moi-même, et j’ai compris dès lors combien il m’était nécessaire d’apprendre le sanskrit, non pour lire un jour des textes inédits, à l’exemple des indianistes, mais pour comprendre et traduire seul, avec liberté et indépendance, sans engager la responsabilité de personne, les textes chinois qui font depuis longtemps l’objet de mes recherches, et où se rencontrent une foule de mots appartenant, comme disent les Chinois, à la langue Fan c’est-à-dire à la langue de Brahmâ.

La seconde condition était de posséder un nombre considérable de mots indiens transcrits et traduits. Dans ce dessein, je dépouillai, la plume à la main, les cinquante livres du San-thang-fa-sou (Dictionnaire des mots bouddhiques qui commencent par un nombre), ouvrage que M. Abel-Rémusat avait eu à sa disposition. Je recueillis tous les mots Fan avec leur traduction telle quelle ; et je reconnus bientôt que, relativement à l’immen-