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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

propagée dans l’est (en Chine) ; mais comme les textes précieux qui en renferment les principes étaient arrivés jusqu à nous mutilés et incomplets, je me suis préoccupé longtemps de l’idée d’aller les chercher au loin, sans prendre aucun souci de ma vie. C’est pourquoi, dans le quatrième mois de la période Tching-kouan (en 629), bravant des périls et des obstacles sans nombre, je suis parti secrètement pour le Thien-tchou (TLide) ; j’ai traversé des plaines immenses de sables mouvants, j’ai franchi les hauteurs gigantesques des montagnes neigeuses, j’ai traversé les passes escarpées des portes de fer et les flots impétueux de la mer chaude (du lac 7emourtou). Parti de la cité divine de Tchang-^’an (5i’an-fou), j’ai terminé mon voyage à la ville neuve de la résidence du roi. Dans cette longue pérégrination, j’ai parcouru près de cinquante mille li (cinq mille lieues). Malgré la diflercnce des mœurs, la diversité des climats et les dangers innombrables que j’ai rencontrés, fort de la protection du ciel, je suis arrivé partout sans accident. J’ai été comblé d’hommages, mon corps n’a point connu la souffrance, et les vœux de mon âme ont été pleinement accomplis.

« En effet, j’ai eu le bonheur de contempler le mont Ki-che-kou (Grïdhrakoûta — le Pic du Vautour), et l’arbre de Bodhi ( de Y Intelligence) ; j’ai vu des monuments divins, j’ai entendu expliquer des livres sacrés inconnus avant moi^^1 ; j’ai été témoin des plus grands

1 L’auteur veut dire évidemment qu’aucun de ses compatriotes ne les avait connus avant lui.