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LIVRE DIXIÈME.

il y fit l’exposition furent réunis en un seul ouvrage formant deux cent mille çlôkas.

Or, comme le Maître de la loi s’en était procuré trois exemplaires dans l’Inde, lorsqu’il voulut commencer sa traduction, il y remarqua des passages douteux et altérés ; il compara alors les trois copies, et les soumit à une révision sévère ; et, à force de soins et de zèle, il parvint à rétablir le texte dans toute sa pureté.

Quand il avait pénétré une idée profonde, éclairci un endroit douteux ou rétabli un passage corrompu, on eût dit qu’un dieu lui avait communiqué la solution qu’il cherchait. Alors son âme s’épanouissait, comme celle d’un homme plongé dans l’obscurité qui voit le soleil percer les nuages et briller dans toute sa splendeur. Mais, se défiant toujours de son intelligence, il en attribuait le mérite à l’inspiration mystérieuse des Bouddhas et des Bôdhisattvas.

À l’époque où le Maître de la loi traduisait ce livre sacré, il pensait constamment à la mort. « Maintenant, dit-il un jour aux religieux, j’ai soixante-cinq ans ; je veux absolument terminer mes jours dans ce Kia-lan (Sam̃ghârama) « couvent. » Comme le recueil appelé Pan-jo-king (le livre sacré de la Pradjñâ pâramitâ) est extrêmement étendu, je crains à tout instant de ne pouvoir le finir. Il faut que vous redoubliez de zèle et d’efforts, sans jamais vous laisser arrêter par les difficultés ni la fatigue. » Le vingt-troisième jour de la dixième lune de la troisième année Long-sou (661), le Maître de la loi