Page:Julien - Les Avadânas, contes et apologues indiens, tome 1.djvu/145

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trompé en me donnant cet éléphant furieux ? »

Le cornac joignit les mains et dit au roi : « Cet éléphant furieux n’a pas été dressé par moi.

— À qui la faute, reprit le roi, si ce n’est pas vous qui l’avez dressé ?

— Sire, répondit-il, lorsqu’un éléphant est emporté par un violent amour qui aveugle son cœur, je ne saurais le dompter. Sachez bien, grand roi, que cette passion ardente est une maladie que ni le bâton ni les coups de croc ne pourraient guérir. De même lorsqu’un homme laisse dominer son cœur par la violence de l’amour, il devient indomptable comme cet éléphant. »

(Extrait de Ta-tchoang-yen-king-lun, en sanscrit : Soutrâlangkara çâstra, livre IX.)