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exactement la même étymologie, et ne pas, comme Micheels dans sa grammaire liégeoise de 1863, comparer par ex. : narène à nez, quand narine existe en français ; jusêye à jus (de réglisse), quand jusée existe en français ; rahia à crécelle, deux mots absolument différents.

De même, on ne peut comparer fawe fém., a hêtre, masc., ni mèlêye, fém., à pommier, masc.

Si l’on s’en tient même aux mots qui ont un radical analogue en wallon et en français, il faut encore faire une distinction entre ceux qui ont pour origine une forme étymologique identique et ceux pour la constitution desquels la forme étymologique d’origine est modifiée, plus ou moins profondément d’ailleurs, suivant qu’elle donne le substantif wallon ou le substantif français.

C’est ainsi que le wallon bèyole, fém. et le français bouleau, masc. n’ont pas une origine identique.

De même rûle, masc. et règle, fém. (rēgŭla) dépendent d’une accentuation différente du mot latin, ce qui n’explique pas d’ailleurs leur différence de genre. Celle-ci provient peut-être d’une influence française, rûle étant devenu synonyme de mètre, masculin.

De même les mots suivants : ârmâ, masc., armoire, fém. ; cui ou kili, masc., cuiller, fém. ; stâ, masc., étable, fém. ; ongue, fém., ongle masc. ; chârnale, fém., charme, masc. (les noms d’arbres sont féminins en latin) ; sogne, fém., soin, masc. (cf. français besogne, fém.) ; pihâte-è-lét, fém., pissenlit, masc., n’ont pas deux à deux la même forme étymologique ; le genre est déterminé chez eux par la consonnance terminale.

, fém. (v. fr. saux) et saule, masc., n’ont pas non plus des radicaux identiques. Le premier de ces mots est féminin par étymologie (nom d’arbre).

La racine des mots suivants est évidemment la même en wallon et en français.