Page:Julien empereur - Oeuvres completes (trad. Talbot), 1863.djvu/73

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8° Quant aux opuscules poétiques de Julien, ils sont d’une nature si légère, qu’on ne doit les mentionner que pour mémoire. Il aimait la poésie, il la goûtait, il savait par cœur presque tout Homère et les plus beaux passages des tragiques, il connaissait à fond les poëtes lyriques, et il se plaisait à répéter de jolis vers sur la chasteté, composés par Bacchylide[1], une de ses lectures favorites, mais il n’était pas né poëte. Cependant la pièce où il fait la description d’un orgue peut avoir quelque prix aux yeux des antiquaires et des érudits de la science musicale. Le reste, même la pièce sur la bière, dont plusieurs des biographes de Julien se plaisent à louer le tour ingénieux, ne nous paraît pas offrir d’autre intérêt que le nom de l’auteur.

Cette revue détaillée des écrits de Julien serait incomplète si nous n’y ajoutions pas le nom des œuvres qui ne sont point arrivées jusqu’à nous. Fabricius, dans sa Bibliothèque grecque[2], cite particulièrement, d’après Simler, deux Éloges en l’honneur du Soleil, des Saturnales, qu’il ne faut pas confondre avec les Césars, et dont il reste un fragment[3], un traité des Trois figures, plusieurs lettres et un livre sur l’art militaire. On doit supposer, d’après quelques passages d’Ammien Marcellin, qu’il écrivit une relation de ses campagnes en Gaule et en Germanie. S’il en est ainsi, on ne saurait trop regretter, avec Jondot et Chateaubriand, la perte de cette histoire, que les contemporains estimaient à l’égal des Commentaires de Jules César. Une bonne découverte à faire serait celle de cet ouvrage perdu, tandis que tant d’écrits insignifiants se sont conservés. Suidas mentionne encore une sorte de satire de Julien, sous ce titre : D’où viennent les maux, contre les ignorants, et nous trouvons dans Tzetzès[4] la citation d’un vers hexamètre, extrait d’une boutade, plus ou moins attique, contre le centaure Chiron. Le même écrivain[5] s’appuie de l’autorité de Julien à propos du satyre Marsyas, dont il raconte l’aventure.

Nous avons raconté la vie de Julien, nous avons analysé ses œuvres : cette double esquisse, biographique et littéraire, se trouvera complétée, c’est notre espoir, par la lecture de notre

  1. Voyez Ammien Marcellin, liv. XXV, 4.
  2. Liv. V, chap. 8.
  3. Le VIe.
  4. Chiliade, VI, Hist., 94, v. p. 964, 236, édit. Kiessling.

    Καὶ δὴ καὶ Ἰουλιανός ὁ αὐτοκράτωρ γράφιι
    Ἡρώῳ μέτρῳ· « Ἀνθρώπου δ’ ἀποπέδρεται ἵππος.
     »

  5. Chiliade, I, Hist., 15, v. 357, p. 16, édition Kiessling.