Page:Justin - Apologies, trad. Pautigny.djvu/85

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Jésus-Christ seul est proprement le fils de Dieu, son Verbe, son premier né, sa puissance, et il s’est fait homme par sa volonté pour nous apporter une doctrine destinée à renouveler et à régénérer le genre humain ; [3] avant qu’il parût homme parmi les hommes, sous l’inspiration des démons[1] dont j’ai parlé, certains prirent les devants et par l’intermédiaire des poètes présentèrent comme des réalités des fables inventées[2], absolument comme ils suscitèrent contre nous des calomnies odieuses et impies, sans preuve et sans témoin. Voilà ce que nous voulons prouver.

XXIV. En premier lieu, nous ne faisons que ce que font les Grecs, et seuls nous sommes haïs pour le nom du Christ. Nous sommes innocents et on nous tue comme des scélérats. Partout, on peut adorer des arbres, des fleuves, des rats, des chats, des crocodiles, des animaux de toute espèce, et ce ne sont pas les mêmes qui sont adorés par tous : chacun a son dieu, et tous se traitent réciproquement d’impies parce qu’ils n’ont pas le même culte. [2] La seule chose que vous puissiez nous reprocher, c’est de ne pas adorer les mêmes dieux que vous et de ne pas offrir sur les tombes[3] des morts des libations, la graisse des victimes, des couronnes, des sacrifices. [3] Mais qu’une même chose est ici un dieu, ailleurs un animal, ailleurs une victime, c’est ce que vous savez bien.

XXV. En second lieu, seuls de tous les hommes, nous qui adorions autrefois Dionysos, fils de Sémélé, et Apollon, fils de Latone, dont il serait honteux même de dire les passions contre nature, Perséphone et

  1. Cf. chap. v ; xxi, 5.
  2. Voy. Intr., § 19.
  3. Voy. Intr., § 19.