arrivés à 10 heures du matin, nous y étions encore à 7 heures, et il fallut y retourner après dîner, car toutes les estampes n’avaient pas été vues. Ému de tant de zèle, notre hôte ne nous laissa pas partir sans un souvenir ; il me donna deux estampes, en les accompagnant cependant d’un conseil : « Mon ami, me dit-il, dès demain portez-les à l’encadreur et accrochez-les sur votre mur ; si vous les mettez en portefeuille, vous êtes perdu, d’autres viendront. » C’est un portefeuille qui les reçut et je fus perdu en effet : de ce jour date ma vie de collectionneur. Je lui dois quelques-unes de mes plus grandes joies. Dans mon naïf enivrement, j’imaginais que l’estampe était le grand art du Japon, qu’il n’en avait même guère d’autre, et quand on me disait que cette imagerie populaire était médiocrement prisée là-bas des gens bien élevés, je haussais les épaules en songeant
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