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portraits

groupe sur quelques personnalités qui défendent encore, attardés, les vieux rythmes de la poésie romantique, les Parnassiens de ce temps étaient, en somme, des novateurs sinon de fait, du moins de goût. L’École réclamait, contre un modernisme assez lâche, le droit à l’évocation des mythes, à l’ésurrection historique, à l’exotisme ; ses alliances allaient vers les peintres symboliques et les préraphaélites, et aussi défendaient les premiers impressionnistes ; son engouement se précisait musicalement vers Wagner ; en prose les adeptes voulaient suivre Théophile Gautier et Banville dans leur art de la nouvelle un peu ailée, contemporaine, mais de haut. L’influence de Flaubert fécondait leurs rêves épiques.

Villiers fut presque l’un d’eux par quelques-uns de ces points communs, mais il s’en distinguait éminemment par la possession d’une philosophie personnelle et par le don d’ironie, rarement départi aux jeunes écrivains de ce moment, et aussi par une souplesse à manier différentes formes d’art, rarement exercées dans le cénacle. Dramatiste, nouvelliste il le fut avant eux ; poète en leur gamme, il le fut peu et peu de temps ; ces brodequins lui furent-ils trop étroits, c’est probable, et, en ce cas, il rentrerait dans cette nombreuse catégorie des poètes français qui rejetèrent le rêche et strict instrument de l’alexandrin pour confier alors leur rêve à la prose cadencée. Le poème en prose aux proportions étendues tout au long d’un conte, souvent aussi le poème en prose pris, laissé, repris au long d’un conte pour en interpréter les musiques principales et thématiques, la large phrase rythmée du poème en prose