Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
symbolistes et décadents

préoccupé longtemps du joueur d’échecs de Maelzel aussi ayant longtemps sondé le mystère de quelques-unes des plus poignantes nouvelles d’Hoffmann (car il existe le mythe de Coppélia), dans l’Ève future, dans cette production bien nouvelle les fanures sont la place presque maintenant vacante qu’y ont prise les lazzis, aussi des manques dans l’intérêt, au premier abord toujours croissant, lorsqu’on repasse par les longues préparations scientifiques, par où Villiers veut donner à son songe les allures de la vraisemblance et de la probabilité (soin inutile), tandis que s’ajeunit le long développement de l’idée mère « Ah ! qui m’ôtera cette âme de ce corps » dont l’incantation s’étend en longues et lentes musiques captivantes dans les chapitres Par un soir d’éclipse, l’Androsphynge, l’Auxiliatrice, Incantation, Idylle nocturne, Penseroso.

À quoi doit-on attribuer ces légères tares de l’Ève future, cette inutile démonstration de la machine de l’Andréide, et les quelques vains soliloques d’Edison, et même le superflu de quelques dialogues avec lord Ewald ; à côté des chapitres précités, à côté de cette définition de l’Andréide « dont le propre est d’annuler en quelques heures, dans le plus passionné des cœurs, ce qu’il peut contenir pour le modèle de désirs bas et dégradants, ceci par le seul fait de les saturer d’une solennité inconnue, et dont nul, je crois, ne peut imaginer l’irrésistible effet avant de l’avoir éprouvé ». À côté de « il nous est permis de réaliser, désormais, de puissants fantômes, de mystérieuses présences mixtes… cependant ce n’est encore que du diamant brut, c’est le squelette d’une ombre attendant que l’ombre soit »,