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portraits

savoir que tout dans la matière est complexe, que dans la vie intellectuelle tout est ténèbres, sauf ce point fixe auquel il faut croire, qu’elle est éternelle et émanée d’un Dieu.

C’est la foi, la foi philosophique que Villiers admet comme constat de la vie, avec ses troubles et ses lacunes, et comme solide bâton d’appui, il offre la foi en Dieu, sous les auspices du christianisme. Il aime le christianisme, de race, de foi, d’admiration pour ses martyrs et aussi de dilection pour l’habileté de ses ministres. Grands ils sont à ses yeux comme consolateurs, grands comme impeccablement obéissants à des maximes dont ils n’ont d’autre clef pour les bien comprendre que de les connaître supérieures à leurs cerveaux par l’étrangeté poussée à l’absurde de leurs propositions ; si l’homme les pouvait comprendre, seraient-elles d’origine divine, Villiers ne le croit pas. Donc, en principe, deux choses sont établies, l’homme n’est qu’un cerveau reflétant des pensées, sa joie est rêve (Véra), sa douleur est déception (La Torture par l’espérance), et son éphémère existence, si elle n’est celle d’un passant, ne peut se résoudre que dans l’affirmation par le talent ou la vertu d’une identité du vivant, ou d’une recherche de ressemblance tentée par lui vers une belle minute d’éternité, c’est-à-dire une minute de Dieu.

Sa foi, sa philosophie, qui se confondent sont, en ses œuvres, éparses. Descendant de ses principes, Villiers, s’il considère le monde vivant, le traduira dans les Contes cruels, et sous ce titre : Chez les Passants. Des fantaisies politiques alterneront avec des