Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/299

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de la Pléiade du xvie siècle, telle l’école romane de M. Jean Moréas — d’autres se rattachant à l’œuvre courte et interrompue d’André Chénier, d’après l’indication de quelques sonnets de M. de Héredia. Ainsi agissent MM. H. de Régnier et Samain ; ainsi tente, en une forme dérivée du vers libre, M. Francis Viélé-Griffin. Mais il est prématuré d’indiquer — autrement que par quelques lignes — qu’il s’est passé en 1885-86 et années suivantes quelque chose qui était la fin du Romantisme ou plutôt la lézarde déiinitive après les chocs donnés d’abord par Baudelaire, ensuite par Mallarmé, Verlaine et Rimbaud. Le Romantisme, après une pleine carrière de près d’un siècle, évolue et devient cet Art Nouveau complexe, diffus et compliqué dans ses orientations, mais qui a déjà fait sonner le nom de plusieurs poètes.

Je citerai un écrivain disparu fort jeune, dont les vers et la prose indiquent une âme délicate et très artiste : Jules Laforgue. Il serait difficile au signataire de cet article d’étudier par le menu les quinze ans d’histoire de ce mouvement, à cause même de la part qu’il y prit.

Disons seulement que par delà les rythmes anciens de la poésie classique, malgré les réactions d’archaïsme trop soumis, le Symbolisme vivra par le vers libre au prochain siècle. Sa carrière commence. Quoi qu’il en soit de l’avenir de la poésie française que tout fait prévoir beau, abondant et varié, si on veut la caractériser brièvement au cours du xixe, on peut dire que ce siècle vit l’éclosion du romantisme — préparée depuis le dernier quart du xviiie —, vit sa croissance, sa grandeur,