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L’ombre diminuée
Voit flotter la nuée
De tes parfums ravis
Aux Madhâvis —

les soutras, les aras, les roses radambas, les grands dieux de l’Inde, les personnages de la Saga avec Tin-Si-O-Sai-Tsin, et aussi avec Philis et les petits amours débauchés qui veulent fonder des évêchés dans la Cythère libertine ; il a des chansons espagnoles où luit du clair de lune germanique, et il resserre, en de brefs contes épiques, des crises d’âme héroïque. M. Dierx racontera Hemrik le Veuf, en même temps qu’il parlera de la beauté des Yeux ; et chez tous, c’est la même juxtaposition (sauf que M. Dierx n’a manié que le lyrisme soit en effusion de poésie personnelle, soit en courtes pièces avec une nuance épique), c’est le même mélange de poésie biblique, légendaire, funambulesque, libertine, descriptive et, plus tard, didactique, grâce à M. Sully Prudhomme, qui, lui, ne marivauda jamais.

Cette simultanéité d’excursions dans des genres différents, ils la tinrent pour variété, et, comme il la fallait expliquer, qu’ils avaient rencontré la conception de Banville, d’après laquelle le poète, artisan averti impeccablement d’un métier, doit pouvoir fournir tout poème pour toute circonstance, et tient en somme sur le Parnasse, ou pour le journal ou pour les particuliers, une échoppe d’écrivain public idéal (conception qui a ses droits), ils se déclarèrent non pas des inspirés, mais des praticiens scrupuleux, savants et indifférents. C’est de ce temps à programme que datent les fières déclara-